Matériaux pour « Les mots de lʼIslam »

SELEFA a ouvert un chantier sur « Les mots de lʼIslam ». 

L’Islam est devenu ces dernières décennies la seconde religion de France, considérée tant à l’aune de la pratique religieuse qu’à celle de son impact culturel. Il a également pris, dans l’actualité internationale, une place considérable qui éveille une curiosité certaine. Il est donc compréhensible que ces phénomènes s’accompagnent de l’entrée dans la langue de nombreux mots correspondant aux conceptions, aux pratiques et aux institutions particulières de cette religion.

Notre recherche est ouverte dans trois directions :

1. Signification exacte des termes dans le religion et la civilisation islamique :

Plusieurs séances SELEFA ont déjà déblayé le terrain : Mahmoud Azab est intevenu à celle du 06/12/2006 sur le thème « Signification du terme إسلام islām à partir des textes » ; Roland Laffitte à celle du 18/04/2007 sur le thème « La dissymétrie entre l’ar. كافر kāfir et le latin infidelis », puis à celle du 29/01/2008 sur le thème « L’arabe SLM et le latin saluus ».

Ces travaux sont naturellement destinés à la publication. Le Bulletin s’en est déjà fait l’écho : voir notamment les articles et notes suivants:

* El Houssi,  Abdelmajid & LAFFITTE, Roland, « Sur l’arabe كافر kāfir et le latin infidelis », 

Bull. n° 9, 1er sem. 2007.

* El Houssi,  Abdelmajid & LAFFITTE, Roland, « Précisions dur les dérivés de l’arabe كافر  kāfir

dans la langue française », Bull. n°  10, 2ème sem. 2007.

Les prochaines séances consacrées à ce volet aborderons les termes suivants : إسلام islām, sur lequel nous nʼavons pas terminé ; puis, personne n’en sera surpris : : جهاد Èihād, شريعة šarīca, etc.

2. Usage des termes de la religion islamique dans la langue française contemporaine :

Nombre de ces mots, comme minaret ou mosquée furent empruntés dès le Moyen-Âge ; d’autres aux Temps modernes comme « termes de voyage », ainsi mufti ou ramadan ; d’autres encore à l’époque coloniale, comme mihrab ou minbar ; enfin certains à l’époque actuelle, disons dans le dernier quart de siècle, comme charia ou hajj/hadj. Nous nous limitons toutefois particulièrement, dans le cadre de cette étude, aux usages nouveaux de ces termes, anciens ou récents, à l’époque actuelle.

Le travail a été engagé par une communication de Christian Lochon[1] à la séance SELEFA du 27/02/2008. C’est le point de départ de la publication dʼune série dʼarticles de notre Bulletin avec Ghawthi Hadj Eddine Sari[2] dont la connaissance de la religion islamique est précieuse pour établir de la façon la plus neutre possible la définition des termes de la religion passés dans le français courant.

Voici, dans cette rubrique, les articles parus à ce jour :

* HADJ EDDINE SARI ALI, Ghawthy & LOCHON, Christian,  « L’usage du lexique religieux de l’Islam dans le français  d’aujourd’hui » :

 Ach-AYa : Bulletin n° 11. AchouraAïd el-KébirAllahayatollah.

Cad-Cha : Bulletin n° 12. Cadichahada, Complément sur Allah.

Nous invitons tout particulièrement nos lecteurs à nous communiquer des emplois originaux découverts dans la presse française et francophone contemporaine, dans la littérature, les graffiti, etc., ou entendus à la radio ou à la télévision. Nous les en remercions par avance. 

[1] Christian Lochon est Directeur honoraire des études et de la recherche pour le Proche et le Moyen-Orient au Centre des Hautes Études sur l’Afrique et l’Asie modernes (CHEAM) et responsable de publication des Cahiers Jean Scot Érigène, Paris.

[2] Ghawthi Hadj Eddine Sari Ali est Président de l’association Ahl El-Andalous, auteur-conférencier en Éthique, Bioéthique et Droits de l’Homme, Membre de la Fédération Européenne des Réseaux scientifiques ‒ Éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg.

3. Perception des termes utilisés par les Musulmans et nos compatriotes imprégnés de culture arabe et/ou islamique.

Bien des termes relatifs à la religion islamique possèdent, comme le prouve le travail dans la direction précédente, une acception péjorative qui pose un problème. Nous nous proposons de mener une enquête de terrain visant à récolter les perceptions de ces acceptions par nos compatriotes musulmans ou imprégnés de culture arabe et/ou islamique. Il s’agit de contribuer à réparer les malentendus sur les mots les plus courants de la religion et de la civilisation islamiques dans le but d’une meilleure insertion de nos concitoyens musulmans dans la société et d’une meilleure acceptation de cet élément religieux et culturel dans la communauté nationale.

Des contacts sont pris dans ce but avec deux centres sociaux et deux municipalités, lʼune dans la banlieue parisienne, lʼautre dans une ville de la Région Nord‒Pas-de-Calais.

La combinaison du travail de recherche et de l’enquête de terrain devra permettre, à terme :

* La mise sur pied de conférences, d’actions éducatives, et de séminaires visant des enseignants, éducateurs et fonctionnaires en contact avec nos compatriotes plus haut caractérisés;

* la publication d’un petit vadémécum d’intérêt citoyen destiné au grand public proposant une acception purement informative et neutre, non péjorative donc, dʼune trentaine de termes contribuant à dissiper les principaux malentendus sur la religion et la civilisation islamique.

Là encore, nous invitons nos lecteurs à nous communiquer des expériences de perception des termes quʼils jugent importants.

Nous mettrons prochainement sur site une méthodologie propre à une bonne contribution au travail dans cette direction.

En ligne :

* Conférence sur « Ces mots qui désignent l’Autre » au Centre social La Florentine, Leval (Nord), le 18 novembre 2008.