Les arabismes dans la langue des jeunes

1. Nouveaux arabismes dans la langue des jeunes

Cette liste constitue à une réponse fait à Anna Zelenkova, de l’Université de Brno, République chèque.

arbiya : adj. et n. fém., forme féminine de arbi, de l’arabe ᶜarabī‒iyya, « arabe ».

bsartek, basartkoum : loc. 1. « santé ! »; 2. sens dérivé : « bravo! », emprunt de l’arabe bi-ṣāḥtek / ṣāḥatkum, littéralement « à ta / votre santé », et, au Maghreb, « bravo! ». cf. Bull SELEFA n° 4, p. 19-20.

chekem : n.m. balance, c’est-à-dire délateur, de l’arabe šakkām, qui est en argot un « souteneur » avant d’être une « balance ».

foulek : adj. et nom, var. foulec, fouleck, 1. désigne un individu peu scrupuleux et douteux ; 2. Fou. Syn : barge. Cf. Le Dictionnaire de la Zone, s.v. L’origine du terme est obscure : il y a peu de chance qu’il s’agisse d’une suffixation de fou car existe déjà pour « fou » le terme courant ouf qui en est le verlan. Nous pourrions être en présence d’une resuffixation du terme arabe fulan / fulān, « un(e) tel(le), machin, truc ». NB : l’espagnol fulano,de même signification, prend au féminin l’acception péjorative de « prostituée ». Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse.

hachek : loc. désolé, pardon, excuse(z)-moi, de l’arabe ḥāšāk ou ḥāšā lak, littéralement « loin de toi [telle ou telle chose », qui se dit après avoir exprimé une chose déplaisante.

hagoun : autrement agoun, de ᶜaggūn, présent en arabe maghrébin et en berbère avec les sens de 1. « bègue, muet », puis 2. « sot, imbécile », probablement dérivé de la racine arabe ᶜĞN, qui contient l’idée de « pétrir, ramollir » : ᶜağğana se dit pour « mâcher ses mots, baragouiner ». La dérivation possible est du type type « pâteux > ramolli > bègue > muet > idiot  , cf. Bull. SELEFA n° 3, 2ème sem. 2003, p. 18-20.

hakdin : ar. [bi-]ḥaqq al-dīn, [par] la vraie religion, c-à-d l’Islam.

halis : loc. ça suffit ! assez !, de l’arabe ḫāliṣ, de même signification. NB : l’argot des soldats iutilisait depuis la geurre de 1914-1918 la forme classclasse, de même sens, et l’on trouve aussi aujourd’hui khlass et rlass.

hanout : n. m. épicerie, boutique, magasin, de l’ar. ḥānūt, de même signification. Dans le français courant le ras el hanout, littéralement « tête d’épicerie », est un mélange d’épices utilisé pour le couscous.

hecheun : probablement hecheum, forme verbale figée de l’arabe classique ḥašama, prononcé au Maghreb [ḥašɛm] / [ḥašəm], « être gêné, avoir honte », cf. larchouma, « la honte », de l’arabe al-ḥašūma, avec agglutination de l’artcile, de même signification, Bien ou quoi?, p. 87.

Qu’il se la joue voyou, alors qu’il fait wallou

Fuck ton pote s’il t’mythonne, s’il t’hecheum en tombant croque d’une chienne

Qu’il lui dit j’t’aime et qu’elle t’mythone 

(Mafia K’1 Fry F.U.C.K Ton Pote Lyrics)

J‘vous explique la chicha à l’époque c’était pas trop à la mode, sa commencer juste à être à la mode, donc forcement y’a pas beaucoup de gens qui y aller, c’était surtout les grands du Qkartier. Donc on y est aller. Walah y’avait que des putes là-bas. J’avais trop Hecheum les gens il croient que j’en suis une. En plus j’étaie qu’avec des gars. Bref j’étaie assise à coté de Issam et de Icham un gars du Quartier à Issam. Les gars ils fumaient et moi Issam m’avait interdit de fumée, t’façon mehlich j’aurais même pas touchée à sa avec son accord. J’me fais grave chier. C’est de dingue. J’dis à Issam que je veux partir il me répond quoi ..

(http://taliah-o1jeune-2qkartier.skyrock.com/3066475635-Partie-Trentre-Sept-Soiree.html)

khnona : n. fém., « morve », de l’ar. class. ḫanūna, prononcé au Maghreb [χnu:na], de même signification. var. : rnouna, cf. Bien ou quoi?, p. 91.

lascar : n. m. 1. type, mec, jeune de la cité, vient de l’arabe maghébin al-ᶜaskar [əl-ᶜaskər], « le soldat », lui-même du persan laškar, « armée ». Le terme n’a rien de péjoratif dans la langue des cités. 2. type louche en français familier, ex. : un sacré lascar (Balzac), mot introduit au XVIIe s., qui vient du persan par l’ourdou parlé à Cochin (Inde). syn. : gadgi, gros, keum, pélo, scarla. Voir Bien ou quoi, p. 87.

marché Malik : marché sis au 7 rue Jules Vallès, 93400 SAINT-OUEN,  Créé en 1919 par un marchand albanais, le Marché Malik est réputé pour la vente des fripes et de vieux uniformes. Aujourd’hui, ce lieu est le paradis des marques de vêtements sportswear et « tendance ». Fréquentés par un public jeune ainsi que des artistes et créateurs qui font la mode d’aujourd’hui.

nouss nouss : loc. moitié-moitié, de l’ar. dialectal nuṣ nuṣ, de même signification, de l’ar. clas. niṣf, « moitié ».

t’miniquer : v. faire un mauvais tour, mot formé sur le subst. arabe maghrébin populaire et grossier [tmenik], « mauvais tout, mauvaise blaque », érivé de nāka, « copuler, baiser », d’où le fr. « niquer, avoir ». NB : le français colonial utilisait déjà tméniek, « mauvais tout, mauvaise blaque ».

zbéb : n. m., verge, pénis, de l’arabe zubb, de même sens, d’où aussi au Maghreb zbubaidem. syn : zeb, zob, zebbi, zboubet sboub, déjà employé dans le français colonial.

2. Articles et notes publiés dans le Bulletin de la SELEFA

Bull. n° 1, 2ème sem. 2002 :

chaâlchidemeskebber (se), dans « Quelques mots de la langue des jeunes À Rouen », p. 17-18.

choune, dans « Réponse à une question étymologique », p. 19-20.

Bull. n° 2, 1er sem. 2003 :

houtgrinaemdjinnfelfel, dans « Quelques mots de la langue des jeunes en Rhône-Alpes », p. 61-62.

zetla, dans « Réponse à une question étymologique », p. 62.

Bull. n° 3, 2ème sem. 2003 :

lascar, dans « Remarques sur l’étymologie de lascar », notamment p. 76-80.

agoun, dans « Une emprunt récent à la langue arabe: agoun », p. 88-90.

Bull. n° 3, Supplément, intitulé Bien ou quoi: la langue des jeunes à Ivry et Vitry-sur-Seine, 1er sem. 2004 :

agounataïbalekbledbsartek, bylkabzezchouffe(r)choumerdawahnoucheskahbakenkhelkiffantkiffkifferlahchouma / larchoumalascar, latch, lhess(e), mesquineniquerouach / ouech / awach / wechoualla(h)rebeurnounascarlascarlettesemtenir les murstoonstoubabzarma / zermazouk, dans « Glossaire », p. 79-94.

Bull. n° 4, 2ème sem. 2004 :

bsartekharaguerharamistelhêsssem, dans « Remarques sur la langue des jeunes à Vitry-sur-Seine », notamment p. 19-20.

Bull. n° 5, 1er sem. 2005 :

kifkif(f)antkifferkiffeur / -euse, dans « le point sur le français kif », notamment p. 13-14.

Bull. n° 6, 2ème sem. 2005 :

bsartekharaguerharamistelhêsssem, dans « Remarques sur la langue des jeunes à Vitry-sur-Seine », notamment p. 115-116.

Bull. n° 7, 1er sem. 2006 :

wech, dans « Le point sur wech », notamment p. 19-20.

zebdagombronfakht, dans « Quelques emprunts humoristiques », p. 20-21.

Bull. n° 8, 2ème sem. 2006 :

hachmahala, dans « Deux mots familiers de la langue des jeunes, hachma et hala », p. 27-28.

Bull. n° 10, 2ème sem. 2007 :

hagrahendekkhoselmekstarfolahherrekmerlichzga, dans « Les mots arabes dans le Leksik des cités », p. 19-20.

Bull. n° 12, 2ème sem. 2008 :

bouschibanichib, dans « Deux réemprunts : bous et chibani », p. 35-36.

Bull. n° 13, 1er sem. 2009 :

hallouf, hmar, dans « Deux termes de la langue des jeunes, hallouf et hmar », p. 41-42.