L’univers du cheval avec des mots d’Orient

« Appelez-le arabe, barbe, turc, persan, peu importe. Toutes ces dénominations ne sont que des prénoms ; le nom de famille est cheval d’Orient ».
(Général Daumas, Les Chevaux du Sahara, 1862)

AU SOMMAIRE DE CETTE PAGE :

Le pur-sang arabe et le barbe

L’andalous et le genet

Chevaux dans l’imaginaire céleste

Quelques mots arabes pour le monde du cheval

Fantasia

Antoine-Jean Gros, Cheval arabe

LE PUR-SANG ARABE ET LE BARBE

Pur-sang arabe

Arabe : le mot est utilisé comme ellipse de pur-sang arabe, race particulièrement prisée originaire d’Arabie. Créé au terme d’un long travail de sélection opérée chez les Perses sous l’Empire sassanide puis les Arabes, le pur-sang arabe fut utilisé dès le Moyen-Âge, notamment par les Templiers sous le nom de turcoman, en arabe تركمان turkmân, appellation qu’utilisait encore Napoléon Ier.  Le nom de pur-sang arabe, qui s’est répandu au cours du XIXe siècle, est naturellement l’arabe عربي  carabî, « arabe ».

Anglo-arabe : race chevaline créée au Béarn à l’époque napoléonienne pour les besoins de la guerre d’Espagne. Aussi l’Anglo-arabe est-il encore appelé Tarbais. On est parti du Navarrin amélioré par croisement avec le pur-sang anglais et le pur-sang arabe.

Barbe : race très ancienne d’Afrique du Nord comme l’indique son nom

qui signifie « berbère ». C’est le cheval numide qu’utilisait Hannibal quand, venu de Carthage, il traversa l’Espagne et la Gaule, franchit les Alpes et menaça Rome.

 Arabe-barbe : tous les croisements furent envisagés au cours dessiècles entre

le barbe l’arabe en Afrique du Nord. C’est ainsi que l’on se demande toujours aujourd’hui si le cheval d’Abdelkader était un arabe ou un arabe-barbe.

Cheval barbe

L’ANDALOUS ET LE GENET

Andalou : cheval de race ayant depuis le Moyen-Âge concurrencé le cheval arabe, on ne sait s’il est issu de lui ou du barbe. En tout état de cause son nom vient du mot dérivant de l’arabe الأندلس Al-Andalus, nom arabe de l’Espagne dont l’origine est très discutée.

Genet : petit cheval d’Espagne, bien proportionné et très résistant, issu du croisement d’Arabes, de Barbes et d’Andalous. Le mot, emprunté, au XIVe siècle, à l’espagnol ginete, de l’arabe زناتة zanâtî, dérivé du nom d’une confédération berbère, les  زناتة  Zanâta, célèbre pour sa cavalerie légère.

Genète : nom donné à un cavalier chevauchant avec des étriers courts, dans l’expression monter à la genète, attestée au XIVe siècle, à l’espagnol ginete, de l’arabe زناتة zanâtî, dérivé du nom de la tribu des زناتة  Zanâta.

Andalou

CHEVAUX DANS L’IMAGINAIRE DU CIEL

Les pages indiquées ci-dessous en référence se rapportent à l’ouvrage suivant :
Roland LAFFITTE, Des noms arabes pour els étoiles, Paris: Geuthner, 2ème édition, 2005.

Alcor, ar. الجون al-Jawn,  « le Cheval noir » (g UMa, p.144), à moins qu’il ne s’agisse d’un « Taureau », ainsi qu’Alioth, qui est une transformation du nom précédent (ε UMa, p. 143).

Alpheratz « le Cheval » (α Peg, p. 192), qui est de plus sous-entendu dans les appellations suivantes : Markab « l’Épaule » (α Peg, p. 190), Algénib « le Flanc » (γ Peg, p. 190), Enif ou « le Nez [du Cheval] » (α Peg, p. 190) encore nommé Fam-el-faras « la Bouche du Cheval ».

Kitalphar, ar. قطع الفرس qitac al-Faras « la Section du Cheval » (α Equ, p. 189).

Pegasus chez Samuel Leigh, Urania’s Mirror, 1825

QUELQUES MOTS ARABES POUR LE MONDE DU CHEVAL

Alezan : cheval dont la robe et les crins sont de couleur fauve tirant sur le roux. Introduit comme nom de couleur chez Rabelais,au XVIe siècle par conséquent, le mot est l’arabe أصهب aîhab utilisé pour un cheval ou un chameau de couleur fauve et rousse.

Arzel : se dit d’un cheval aux membres postérieurs et au chanfrein blancs. Emprunté au XVIIe siècle à l’espagnol argel, il s’agit de l’arabe أرجل arjal, « cheval marqué d’un tâche blanches sur les pattes de derrière ».

Zain : se dit d’un cheval dont la robe, unie et uniforme, ne présente aucune tâche de blanc. Emprunté à la fin du XVIe siècle à l’italien zaino, qui est lui-même de l’espagnol zaino, c’est l’arabe زين zayn, « beau ».

FANTASIA

Eugène Delacroix, Fantasia, Exposition de 1842

Fantasia : Le terme désigne plusieurs formes de manifestations  équestres connues au Maghreb et qui remontent probablement à l’Antiquité. Le terme  a été popularisé par le célèbre tableau de Delacroix peint après son voyage au Maroc et en Algérie en 1832.

Parade équestre brillante et prestigieuse, la fantasia doit beaucoup au cheval d’Afrique du Nord, le Barbe et l’Arabo-barbe.

Le mot vient de l’arabe  ﻓﻨﻃﺎﺯﻳﺔ fantâziyya qui, contrairement aux apparences et une opinion largement répondue, ne vient pas de l’italien ou de l’espagnol fantasía, eux-mêmes du grec phantasia. Le terme maghrébin vient aussi du grec, naturellement, mais par un autre chemin : il y a d’abord le syriaque phantasiyâ qui signifie « procession, parade solennelle », qui passe dans l’arabe du Moyen-Orient avec le même sens, et se communique ensuite au Maghreb où il se spécialise avec le sens de « parade équestre ».